Oui, il est tout à fait possible de jeter les trognons de pomme dans la nature ! C’est même une excellente idée pour plusieurs raisons. Chez nous, nous n’hésitons pas à laisser nos trognons de pomme au pied d’un arbre ou dans un sous-bois lors de nos balades. Découvrons ensemble pourquoi c’est une pratique bénéfique et comment bien la mettre en œuvre.
Un déchet organique biodégradable
Les trognons de pomme sont des déchets organiques 100% biodégradables. Ils sont constitués à 95% d’eau et de matière végétale composée principalement de cellulose, d’hémicellulose et de lignine. Sous l’action des micro-organismes du sol (bactéries, champignons…), ces composés vont se décomposer naturellement en quelques semaines ou mois selon les conditions.
Cette décomposition va permettre de libérer les nutriments contenus dans les trognons, comme le potassium, le phosphore ou le calcium. Ces minéraux pourront alors être absorbés par les racines des plantes environnantes et enrichir le sol. Les trognons participent ainsi au cycle naturel de la matière organique, un peu à la manière d’un engrais naturel.
En se décomposant, ils contribuent aussi à la formation d’humus, cette couche supérieure du sol riche en nutriments. L’humus améliore la structure du sol, sa rétention d’eau et sa fertilité. Ainsi, en jetant un trognon dans la nature, vous participez à entretenir la qualité des sols forestiers !
Une source de nourriture pour la faune
Avant même de se décomposer entièrement, les trognons de pomme jetés dans la nature vont pouvoir servir de nourriture à de nombreux animaux. C’est particulièrement vrai pour la petite faune du sol comme les vers de terre, les cloportes ou les collemboles.
Ces invertébrés vont grignoter la chair du trognon et creuser des galeries à l’intérieur, accélérant ainsi sa décomposition. Pour 100 grammes de trognon, on estime que 500 à 1000 micro-invertébrés vont s’en nourrir ! C’est donc une manne précieuse pour ces petites bêtes qui jouent un rôle essentiel dans l’équilibre des écosystèmes forestiers.
Les trognons attirent aussi des animaux plus gros comme les hérissons qui apprécient y trouver des insectes, ou certains oiseaux comme les merles et les grives friands de pépins. Quelques mammifères opportunistes comme les lapins, les écureuils ou les cerfs peuvent aussi parfois s’y intéresser.
Ainsi, un simple trognon de pomme peut nourrir toute une chaîne alimentaire et soutenir la biodiversité locale. Une raison de plus pour lui offrir une deuxième vie dans la nature plutôt qu’à la poubelle !
Un geste anti-gaspi à moindre empreinte
En jetant vos trognons de pomme dans la nature, vous posez aussi un geste anti-gaspillage alimentaire. En France, on estime que près de 30 kg de déchets alimentaires sont jetés par personne et par an, dont une bonne part de déchets végétaux compostables (épluchures, fruits et légumes abîmés…).
Extrapolé à l’échelle du pays, cela représente près de 10 millions de tonnes gaspillées chaque année ! Un gâchis évitable quand on sait que beaucoup de ces déchets pourraient être revalorisés au jardin ou dans la nature. Pour un fruit comme la pomme, on considère que le trognon représente environ 10% de son poids. Sachant qu’un français mange en moyenne 19 kg de pommes par an, c’est donc presque 2 kg de trognons qui pourraient être revalorisés !
En plus de réduire le gaspillage, jeter ses trognons dans la nature plutôt qu’à la poubelle permet aussi de diminuer son empreinte carbone. En effet, ils ne finiront pas enfouis ou incinérés avec les ordures ménagères, limitant les émissions de CO2 liées à la collecte et au traitement des déchets. Un petit geste pour la planète !
Les bonnes pratiques à adopter
Si jeter ses trognons dans la nature est une bonne idée, encore faut-il bien le faire ! Voici quelques conseils pour une pratique responsable :
- Évitez de jeter vos trognons à proximité immédiate des sentiers, chemins ou aires de pique-nique. Privilégiez des zones plus discrètes, en retrait des lieux de passage.
- Séparez bien vos trognons des autres déchets, ils ne doivent pas contenir de plastique, de mégots ou tout autre matériau non organique.
- Ne jetez pas une trop grande quantité de trognons au même endroit. Mieux vaut les disperser un peu pour éviter une accumulation disgracieuse et une décomposition trop lente.
- Évitez les zones fragiles ou protégées comme les tourbières, les dunes ou les zones humides. Optez plutôt pour les sous-bois ordinaires.
- Glissez vos trognons sous les feuilles ou la mousse. Ils se décomposeront plus vite à l’abri de la lumière et au contact du sol.
En respectant ces quelques règles de bon sens, vous optimiserez l’impact positif de vos trognons sur leur environnement. Un bon geste pour la nature !
Un geste à l’impact limité
Bien que jeter ses trognons dans la nature soit bénéfique, gardons toutefois à l’esprit que cela reste un geste à l’impact limité. Les quantités de trognons laissées par un individu restent minimes à l’échelle d’un écosystème.
Pour vraiment soutenir la biodiversité, rien ne vaut des actions de plus grande ampleur comme le soutien à l’agriculture biologique, la création d’espaces verts en ville, la plantation de haies ou la réduction de son empreinte carbone. Jeté un trognon en forêt ne compensera pas les dégâts d’un mode de vie globalement non durable.
Cela reste malgré tout un geste symbolique et pédagogique. Il permet de garder à l’esprit que nos déchets organiques sont des ressources utiles à la nature si on leur donne la possibilité d’y retourner. Prendre le temps de laisser un trognon au pied d’un arbre, c’est aussi une manière de renouer un lien avec le vivant.
Et le compost alors ?
Si vous avez la chance d’avoir un jardin ou un compost, c’est une autre excellente option pour valoriser vos trognons de pomme ! Comme dans la nature, ils s’y décomposeront pour nourrir le sol et seront utiles à la croissance de vos plantes.
Les trognons feront partie des déchets verts, ces déchets végétaux humides et azotés bien utiles pour stimuler l’activité du compost. Une pomme d’environ 100 g contiendra en moyenne 0,3 g d’azote, 0,1 g de phosphate et 0,8 g de potassium, des nutriments que vos plantes apprécieront. En plus, environ 30% de la masse du trognon est composée de pectine, un composé naturel qui facilite l’agrégation du compost.
Au jardin, vous maîtrisez aussi mieux les conditions de décomposition qu’en pleine nature. Vous pouvez broyer vos trognons pour accélérer le processus, les mélanger à d’autres déchets complémentaires et surveiller l’humidité et la température. Autant de paramètres qui influencent la qualité du compost obtenu !
Si vous avez cette possibilité, le compost reste en effet la meilleure option pour gérer vos biodéchets et réduire vos déchets. 30% des ordures ménagères sont compostables, c’est autant de matière qu’on peut valoriser plutôt que d’envoyer à l’enfouissement ou l’incinération.
L’occasion de repenser notre rapport aux biodéchets
Au-delà de la question des trognons de pomme, c’est plus globalement notre rapport aux déchets organiques qu’il faut repenser. Aujourd’hui, en France, 66% des déchets alimentaires finissent à la poubelle. Un chiffre alarmant quand on sait les bénéfices qu’on pourrait en tirer en les compostant ou en nourrissant le sol.
Alors à notre échelle, que pouvons-nous faire ? Composter si on a un jardin, bien sûr. Mais aussi trier et valoriser un maximum nos déchets verts, que ce soit en alimentation animale, en paillage ou en les mettant au pied des arbres. Nous pouvons aussi militer pour plus de composteurs collectifs en ville et une meilleure gestion des déchets verts par les collectivités.
Chaque épluchure ou trognon revalorisé est une contribution à l’économie circulaire et à la préservation des sols. En laissant nos trognons retourner à la terre, c’est un autre rapport au vivant et à notre empreinte que nous cultivons. Le chemin vers une société zéro déchet passe aussi par ces petits gestes, trognon après trognon !
